Titolo: La langue maudite
Autore: Madi Belem
Editore: PLON
Pagine: 208
Dove trovarlo: Amazon
Intrigue
Un premier roman qui épouse les convulsions de l’époque avec un rare talent. Adam a fait une promesse à son père, écrivain dans un pays où on ne lit plus. Fasciné, il l’observe et le décrit. Il le regarde boire, fumer, souffrir sans jamais, malgré ce naufrage, cesser d’écrire. Mais Adam a aussi sa vie de jeune Marocain. Il est à la recherche de l’amour, de passions, de femmes… Il se perd dans la nuit avec son ami Rali. Zakia, prostituée, est l’initiatrice, la découverte. Elle danse, chante… C’est le corps de la femme libre dans toute sa vérité crue et poétique. Adam tente sa chance à Paris. Il veut mener une vie d’artiste, être dans la continuité du père, mais dans un autre monde, un monde où la littérature n’est pas encore morte. Il erre, flâne, vagabonde, sans but si ce n’est la quête de soi, jusqu’à oublier sa promesse. Solitude, déshumanisation, attentats islamistes sont racontés dans une oralité, un style organique. La langue est prise dans sa chair, elle surprend, elle ruisselle et elle danse en épousant les convulsions de l’époque avec un rare talent.
Recension
« La langue maudite » est un des livres sélectionnés au Festival du premier roman de Chambéry.
C’est le premier roman de Madi Belem, un jeune marocain qui de Rabat est arrivé en France pour tenir une promesse faite à son père, son « héros ». Ce livre montre et raconte un Maroc divisé entre le traditionalisme patriarcal et le sens de modernité et changement par suite de l’indépendance de la colonisation française (1956). L’écart n’est pas donné seulement par des idéologies différentes et par la perte d’identité culturelle, mais aussi et surtout par la question de la langue.
À remuer dans la ville, parmi ces conquérants du monde moderne, esclaves du « temps », achevés et à cheval, contraints de courir, contractés à en mourir, grincheux le jour et le soir consumés par ce capitalisme délirant qui leur faisait perdre l’âme, la sympathie et la complaisance pour autrui.
« La langue maudite » est un voyage à travers un pays où personne ne lit plus et la seule façon de se faire lire est d’écrire en français, la langue des colons. Les librairies sont appelées « les temples des oubliés », mais Adam est quand même fasciné par ces lieux. Bien que son père connaisse parfaitement le français, en tant que grand intellectuel, il s’obstine à écrire en arabe standard pour préserver la culture de son pays. Hélas, cette obstination lui coute cher : son bonheur, sa tranquillité et sa famille. C’est pour ça qu’Adam décide de lui faire une promesse, à savoir aller en France pour apprendre le français et traduire les livres de son père, en devenant lui-même un auteur. Il y a donc aussi un écart générationnel qui nous donne deux points de vue et deux conceptions différents.
Mes pupilles, désormais arides, se contentaient de glisser sur les choses
et plus rien n’arrivait à m’émouvoir.
« La langue maudite » se lit rapidement et on y trouve des passages écrits dans un langage familier, avec ses vulgarités, et des passages d’un certain lyrisme. Ça pourrait paraitre un livre léger, mais en fait il traite de questions sensibles comme la globalisation, la perte d’identité et de relations humaines, le terrorisme etc.
Bref, Madi Belem donne beaucoup de pistes de réflexion.